En 1936 le vol motorisé des modèles
s'entendait encore surtout avec un moteur élastique,
un écheveau de caoutchouc que l'on torsadait et qui se
déroulait ensuite en entraînant une hélice.
Les moteurs, rares et coûteux, étaient des objets
de luxe, d'autant plus que la radiocommande n'en était
encore qu'au stade expérimental.
Les moteurs comme le Brown junior avaient une
cylindrée de l'ordre de 10 cm3, fonctionnaient à
l'essence avec une bougie à étincelles et un rupteur
mécanique ainsi qu'une bobine alimentée par une
pile à la fiabilité douteuse. La puissance atteignait
des sommets : 0,2 ch, ce que fournit sans difficulté
aujourd'hui un petit moteur électrique brushless 400
de la taille d'un bouchon de champagne et pesant une centaine
de grammes.
Bref, une petite fortune qu'on essayait d'envoyer
en l'air dans des avions en dentelle de balsa, aussi grands
que possible pour que le poids du moteur et de ses accessoires
n'empêche pas l'avion de décoller.
Et ces avions décollaient ! Et volaient
! Parfois... C'est ce que vous montre cette vidéo.
En bonus, une démonstration de l' "homme
oiseau" Clem Sohn, un Américain de 25 ans qui s'était
confectionné des voilures de tissu fixées à
ses bras et à ses hanches de manière à
lui permettre un peu de "plané". Il avait d'ailleurs
réussi, après s'être élancé
d'un avion de 6000 mètres d'altitude, à parcourir
une distance horizontale de près de 5 km avant d'ouvrir
son parachute.
Clem Sohn fit de nombreuses démonstrations
qui attiraient les foules, comme vous pourrez le voir. L'année
suivante, en 1937, sa dernière démonstration eut
lieu près de Paris à Vincennes, le 25 avril. Là,
devant 100 000 spectateurs, il effectua le "vol" qui
constituait son spectacle, mais son parachute ne s'ouvrit pas,
son parachute de secours non plus et il s'écrasa au sol.
Pourtant il eut des émules, Valentin,
puis Gilles Delamare, perfectionnant les "ailes" mais
connaissant la même fin tragique.
Guy Revel